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Le code d’un chercheur belge permet un respect plus strict du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires

18 mars '21

Il est désormais possible, grâce à un chercheur belge d'à peine 30 ans du SCK CEN, d'assurer une conformité plus stricte au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Comment ? En calculant l'origine d'un rejet radioactif à l'aide d'un code écrit automatiquement. Une prouesse statistique étonnante que le Canada et la Belgique mettent à disposition de la CTBTO - l'organe international de supervision de ce traité.

SCK CEN - Code van Belgische onderzoeker kan striktere naleving van Kernstopverdrag afdwingen (2021)

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (de son abréviation anglaise CTBT) a été rédigé en 1996 pour interdire les essais nucléaires. L'organisation internationale CTBTO (Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires) a été créée pour contrôler le respect du traité. Les États membres travaillent avec un système mondial de stations de mesure pour détecter les explosions nucléaires. Le système de surveillance international (SSI) se compose de 337 stations qui mesurent l'activité sismique, les vibrations atmosphériques et océaniques, ainsi que les concentrations de particules radioactives dans l'air. La moindre augmentation de la valeur de mesure (même légère) est détectée par le radar de ce réseau de « détecteurs-renifleurs ». L'organisation pouvait vérifier sans effort quelles stations détectent des particules radioactives, mais ignorait l'origine exacte de cette activité - jusqu'à aujourd'hui.

SCK CEN - Onze verantwoordelijkheid (2019)

Le code est le fruit d'une collaboration entre le SCK CEN, Santé Canada, Environnement et Changement climatique Canada et l'IRM. Santé Canada et Environnement et Changement Climatique Canada ont conçu et lancé le projet, tandis que le SCK CEN et l'IRM ont fourni l'expertise et les données météorologiques pour des tests complets du code. Une fois le code mis au point, les partenaires ont décidé de mettre ces connaissances au service de la société.

Une mise à disposition publique

La Belgique et le Canada ont officiellement annoncé cette mise à disposition au public lors de l’assemblée semestrielle qui s’est tenue du 8 au 18 mars 2021 et pendant laquelle des diplomates, ambassadeurs et scientifiques se sont réunis (virtuellement) afin de discuter des techniques de vérification. Dans leur déclaration, la délégation belgo-canadienne explique : « Nous sommes d’avis que cet outil a une valeur inestimable pour les centres de données nationaux car il les aidera à remplir leur rôle majeur qui est de contrôler le traité. Cet outil est modulaire pour permettre à d’autres de l’utiliser. » Le code a été rendu public pour que les scientifiques puissent l’utiliser et l’améliorer. Les résultats ont récemment été publiés dans une revue scientifique.

Nous sommes d’avis que cet outil a une valeur inestimable pour les centres de données nationaux car il les aidera à remplir leur rôle majeur qui est de contrôler le traité. Cet outil est modulaire pour permettre à d’autres de l’utiliser.
La délégation belgo-canadienne

Plusieurs fonctions

Le calcul de l'emplacement de la source n'est qu'une des fonctions intégrées de Pieter. Les scientifiques peuvent également utiliser le code pour prédire à quel moment et en quelle quantité est libérée la radioactivité. Pour ce faire, l'algorithme se base à la fois sur les stations de mesure qui ont détecté des rejets radioactifs, et sur celles qui n'enregistrent aucune radioactivité. Grâce à ces informations cruciales, les scientifiques peuvent utiliser les modèles existants pour calculer la gravité du danger de contamination à un moment donné, en tenant compte de facteurs tels que les précipitations, la vitesse et la direction du vent. « Ces facteurs jouent un rôle crucial dans la propagation des particules radioactives dans l'atmosphère. Cela nous permet de dresser une carte précise de la situation en cas de crise. Quel type de radioactivité a été libéré ? Dans quelles concentrations ? De quelle façon cette radioactivité se propagera-t-elle dans les minutes, les heures ou les jours à venir ? Faut-il s'attendre à un impact sur les personnes et l'environnement ? Si c'est le cas, nous pouvons alors passer directement à l'action et ainsi toujours bénéficier de quelques longueurs d'avance sur les risques », explique Pieter De Meutter (SCK CEN).

20200404_Bosbranden Tsjernobyl

Feux de forêt à Tchernobyl

Partant du principe selon lequel « la recherche scientifique n'est jamais terminée », le chercheur a apporté de nouvelles améliorations au code après son postdoctorat. Le code mis à jour établit explicitement les incertitudes statistiques et n'exclut pas la possibilité de sources multiples. « Le code a été conçu de manière à ce que nous puissions déterminer le degré de certitude/d'incertitude du lien entre les valeurs mesurées et la source trouvée. Pour les décideurs politiques, il s'agit d'une information cruciale. De plus, le code n'exclut plus la possibilité de ‘sources’ multiples », explique le chercheur. Il illustre cela par les incendies de forêt dans la zone d'exclusion autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl - la centrale où s'est produite la plus grave catastrophe nucléaire de l'histoire en 1986. Les forêts sont encore radioactives, et les incendies ont rejeté des polluants dans l'atmosphère. « Il y avait plusieurs points chauds, ce qui a un impact sur la radioactivité émise. Nous avons ensuite utilisé le code pour prédire assez précisément la direction que prendraient les panaches de fumée, et si nous restions en dessous des normes de sécurité pour la population, » conclut P. De Meutter (SCK CEN).

Centre national de données belge NDC.be

Les informations provenant des stations de surveillance sont centralisées à Vienne, où se trouve l’Organisation du traité (OTICE). Les États membres du TICE aident à analyser les données collectées. À cette fin, un centre national de données est créé dans chaque État membre, rassemblant des scientifiques de différents secteurs. SCK CEN est un des membres fondateurs du NDC.be.

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