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Les drones mesurent les radiations avec précision

Les expertises du SCK CEN et de la SABCA s’associent dans un projet de drone innovant

Souplesse d’utilisation, précision des mesures. Après des années de tests, le centre de recherche nucléaire SCK CEN a prouvé que les drones peuvent cartographier la radioactivité avec une extrême précision. « Le moment est venu de faire le saut de la recherche au déploiement industriel », déclare Geert Olyslaegers, pilote de drone au SCK CEN. En collaborant avec le spécialiste belge de l’aviation, la SABCA, le SCK CEN espère pouvoir y arriver rapidement.

SCK CEN - Drones brengen radioactiviteit in kaart (2021)

Surveiller les cultures, inspecter les éoliennes en mer, transporter des médicaments. Les drones conquièrent notre économie. Bientôt, le secteur nucléaire pourra également compter sur le soutien des avions sans pilote. Les drones réaliseront des mesures radiologiques et ce, sans la moindre intervention humaine. « Cela représente une avancée importante dans le domaine de la radioprotection », déclare Johan Camps. Le scientifique du SCK CEN y voit un potentiel dans trois domaines. « Les drones peuvent s’envoler pour une planification d’urgence ainsi que le démantèlement et la surveillance radiologique des sites nucléaires et industriels et de leurs environs. L’avantage des drones est qu’ils peuvent cartographier tous les angles et les côtés que nous ne pouvons pas atteindre à pied ou avec un hélicoptère. Ces informations sont transmises en temps réel, alors que le drone est encore dans les airs. En bref donc : des informations en temps réel sur des localisations plus précises. »

En 2015, le SCK CEN a constitué une équipe de recherche enthousiaste chargée d’explorer les possibilités qu’offrent les drones dans le contexte nucléaire. Entre-temps, le centre de recherche nucléaire dispose de deux pilotes de drones agréés et a organisé de nombreux vols d’essai en collaboration avec le SPF Intérieur. Ces vols d’essai lui ont permis d’améliorer ses équipements de mesure et de garantir la qualité des résultats de mesure. « Le moment est venu de faire le saut de la recherche au déploiement industriel », déclare Geert Olyslaegers, pilote de drone au SCK CEN. En concluant un partenariat avec le spécialiste belge de l’aviation, la SABCA, le SCK CEN espère pouvoir y arriver rapidement. Olyslaegers explique : « La SABCA fournit des services aux industries de l’aviation civile, spatiale et militaire. L’entreprise a l’expérience des vols de drones en environnement hostile et connaît la législation et la réglementation y afférentes. Nous combinons cette expertise avec des connaissances pour des applications pacifiques. Cela génère une synergie qui favorise la qualité, qui atteint un niveau supérieur. »

SCK CEN - Jaarverslag Highlights (2022)
Les drones réalisent des mesures radiologiques et ce, sans la moindre intervention humaine. Cela signifie qu’ils marquent un tournant dans le domaine de la radioprotection.
Johan Camps
SCK CEN - Drones brengen radioactiviteit beter in kaart (2021)

Projet de démonstration

Grâce à cette synergie, le déploiement industriel est à portée de main. Les deux partenaires soulignent toutefois qu’il s’agit d’un projet de démonstration industrielle(*). « Nous sommes convaincus que les drones permettent au secteur nucléaire de réaliser des mesures plus étendues et plus précises, déclare Johan. Les drones deviendront-ils également la norme ? L’avenir nous le dira. C’est d’abord à nous de perfectionner cette technologie », déclare M. Camps.

(*)Ce projet de démonstration en pleine effervescence a débuté le 18 mai 2021. Le lancement a été annoncé en présence d’Annelies Verlinden, la ministre de l’Intérieur. Et elle s’est montrée très enthousiaste.

Détecteur sur mesure

Par « technologie », il entend le détecteur à scintillation qui sera embarqué sur le drone. « Celui-ci mesure la radioactivité en comptant les éclairs de lumière que produit le rayonnement ionisant quand il pénètre dans le scintillateur. Il indique ainsi la mesure de la dose de rayonnement. Plus il y a d’éclairs de lumière, plus le rayonnement est intense », explique-t-il. Les détecteurs qui sont embarqués sur le drone et mesurent le rayonnement ont été conçus pour ne pas dépasser la charge utile maximale, tout en garantissant une mesure avec un degré de précision le plus élevé possible.

Les deux partenaires ont maintenant effectué deux vols d’essai, qui ont confirmé la haute sensibilité de mesure souhaitée. « Nous avons catapulté un drone à voilure fixe dans les airs et nous l’avons fait voler au-dessus des champs. D’abord en mouvements circulaires, puis sur la base d’un quadrillage. Nous l’avons laissé voler à basse et à haute altitude pour tester si nous pouvions remarquer une différence dans les résultats de mesure. Ce fut le cas. L’équipement de mesure a donc passé le test haut la main », déclare Olyslaegers satisfait. Pendant le vol d’essai, aucune source radioactive n’a été cachée sur le terrain d’entraînement. « La radioactivité naturelle qui se trouve dans le sol a servi de source. Cela démontre une fois de plus la sensibilité du détecteur. »

Les projets innovants destinés à améliorer la protection de la population, de l’environnement et des travailleurs bénéficient de mon soutien plein et entier.
Annelies Verlinden
SCK CEN - Jaarverslag Highlights (2022)

Deux types de drones

Le drone à voilure fixe n’est qu’un des deux types de drones que le spécialiste de l’aviation propose. Le projet étudie également l’utilisation d’un multicoptère. « Un drone à voilure fixe capable de rester dans les airs pendant des heures de manière autonome et un multicoptère pouvant transporter des détecteurs d’un certain poids, sans perdre en flexibilité », explique Johan Camps. « Le premier drone peut surveiller une plus grande zone. Le second drone peut rester sur place pour obtenir une vue très localisée. Le choix du drone dépend de l’application. » Le détecteur pour ce multicoptère est encore en cours de développement.

Soutien fédéral

Ce projet innovant impliquant des drones s’inscrit dans le cadre du Fonds de transition énergétique du SPF Économie qui encourage et soutient la recherche, le développement et l’innovation dans le domaine de l’énergie. Les projets doivent porter sur l’un des trois axes thématiques : sources d’énergie renouvelable, applications énergétiques nucléaires et sécurité de l’approvisionnement et équilibre du réseau. Au total, un budget de 25 millions d’euros est réparti entre les différents projets. Le SCK CEN et la SABCA ont reçu des subsides à hauteur d’un million d’euros et investissent aussi eux-mêmes dans ce projet.

L’oeil divin du secteur nucléaire

Le projet de démonstration industrielle « Buddawak » a été nommé d’après « Buddawak Burri Bootyau », une chouette fuligineuse australienne. « Les chouettes ont une très bonne vue. Avec ce projet, nous voulons rendre visible l’invisible », conclut Camps. Le choix de cette chouette n’est pas fortuit. Elle vit dans les régions australiennes naturellement riches en uranium.

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