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La plus importante étude européenne sur la radioprotection contre le radon et les matériaux naturellement radioactifs

21 septembre '20

Un consortium de 56 partenaires issus de 26 pays différents étudient les effets de l’exposition chronique aux doses de radon et d’autres radionucléides naturels sur l’homme et l’environnement. L’objectif in fine est d’améliorer la gestion des risques et ainsi diminuer les risques de cancer. Les partenaires du consortium allouent un budget de recherche de 22 millions d’euros pour le projet H2020, dénommé RadoNorm. « Cela fait de ce projet l’étude européenne la plus importante et la plus large jamais réalisée sur le sujet. Nous sommes fiers de participer à cette étude au nom du SCK CEN », entend-on du côté des chercheurs du SCK CEN, le centre étant l’un des principaux acteurs du projet.

SCKCEN - RadoNorm (2020)

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le radon est, après le tabagisme, l’une des principales causes du cancer pulmonaire. En Belgique, ce gaz noble radioactif provoque chaque année 480 cancers pulmonaires. Des études récentes indiquent, en restant prudentes, que le radon peut également causer d’autres types de cancer ou même d’autres maladies. Afin de protéger les citoyens des risques liés aux rayonnements, l’Union européenne a approuvé une nouvelle loi et investit également dans des études primordiales. Le projet de recherche RadoNorm en fait partie.

Le projet est exhaustif : il veut cartographier l’exposition au radon et aux NORM (voir encadré), développer de nouvelles techniques de dosimétrie, évaluer l’impact sur la santé et l’écologie, élargir les connaissances des aspects sociétaux et intégrer des formations homogènes au sein des entreprises qui travaillent avec les matériaux en question. « La grande force du projet RadoNorm est l’association de nombreuses disciplines scientifiques. Il rassemble des chercheurs de domaines divers et variés : qu’il s’agisse des sciences naturelles ou des sciences sociales. Au SCK CEN, nous associons aussi plusieurs disciplines pour assouvir cette ambition », ajoute le Dr Tanja Perko, coordinatrice de projet au SCK CEN.

SCKCEN - RadoNorm (2020)

Changer la mentalité et renforcer la gestion des risques via les sciences sociales

Le projet RadoNorm accorde une attention particulière à l’aspect sociétal. Le SCK CEN chapeaute ce volet en dirigeant 15 universités, dont l’UHasselt et l’UAntwerpen. En coopération avec ces universités, le SCK CEN veut par exemple étudier le comportant des citoyens face aux risques du rayonnement. Le Pr Dr Wouter Schroeyers et son collègue le Pr Dr Robert Malina (UHasselt) : « Comment encourager les citoyens à agir et à maîtriser les risques ? Nous cherchons ensemble une réponse à cette question. » Au SCK CEN, ils sont convaincus que cette réponse tient dans une stratégie de communication correcte et ciblée. « La communication sur le radon et les NORM peut jouer un rôle clé pour mener les citoyens à agir. Pour mieux comprendre, nous utiliserons un large éventail de méthodes de recherche comme des questionnaires auprès du grand public et de l’industrie », souligne le Dr Robbe Geysmans, sociologue au SCK CEN.

Plusieurs doctorants travailleront sur le projet pour, notamment, étudier la sensibilisation des citoyens. Les professeurs Heidi Vandebosch et Peter Thijssen de l’UAntwerpen s’expliquent : « Les scientifiques et spécialistes détiennent de très grandes connaissances sur le radon et les dangers inhérents mais ce n’est pas le cas du grand public. Comment s’assurer que les informations correctes parviennent groupes ciblés ? Où mettre l’accent dans nos messages ? Ces messages ont-ils l’impact souhaité ? Nous souhaitons rendre l’information facile d’accès pour un maximum de gens. Au lieu de donner des informations scientifiques dans l’habituel classeur, pourquoi ne pas les fournir par le biais d’une histoire dans un feuilleton ? »

La grande force du projet RadoNorm est l’association de nombreuses disciplines scientifiques. Il rassemble des chercheurs de domaines divers et variés : qu’il s’agisse des sciences naturelles ou des sciences sociales.
Tanja Perko

Lever le voile sur la transmission écologique des radionucléides naturels et faire l’inventaire des sites NORM

Les radionucléides naturels sont présents dans la croûte terrestre depuis la création même de la Terre. Pensez à l’uranium 238, au thorium 232 et à leurs produits de désintégration. L’un de ces produits est le radon, un gaz noble radioactif. Il s’échappe du sol et se retrouve dans l’environnement. « Le sol ‘expire’ le radon radioactif qui va ensuite se désintégrer. Les arbres peuvent alors absorber ces produits de désintégration et les renvoyer à l’orée du bois où vivent des animaux », explique le Dr Jordi Vives i Battle, radioécologiste au SCK CEN. « Comment se déroule le processus ? Quelle quantité de radioactivité est alors transmise à la faune ? C’est ce que nous voulons tous savoir. » Le SCK CEN combine à cette fin deux modèles avancés : un modèle de simulation du transfert en forêt et un modèle qui vise à imiter les aérosols de radon dans l’air.

SCKCEN - RadoNorm (2020)

Toutefois, la transmission n’est pas à sens unique. Elle peut aussi se faire de la faune à la flore. Le SCK CEN se penche plus particulièrement sur le rôle du ver de terre commun, (Lumbricus terrestris). « Les lombrics sont les architectes du sol qui veillent à son bon climat. Ils aèrent la terre et la rendent perméable pour l’ameublir. Ils mettent des minéraux à disposition des plantes en décomposant des matières organiques (feuilles mortes, branches, ...). Les vers de terre libèrent donc des nutriments pour les plantes », précise Nathalie Vanhoudt, radioécologiste au SCK CEN. « La question est de savoir si ces animaux influencent également la diffusion des matériaux et métaux dits NORM et leur absorption dans la végétation. Le cas échéant, quel est le processus sous-jacent ? Pour parvenir à une réponse, nous allons imiter l’interaction naturelle entre le sol et les organisme à micro-échelle. »

Les vers de terre libèrent donc des nutriments pour les plantes. La question est de savoir si ces animaux influencent également la diffusion des matériaux et métaux dits NORM et leur absorption dans la végétation.
Nathalie Vanhoudt

Les chercheurs du SCK CEN parlent des matériaux et métaux NORM. « Certains sols peuvent présenter un mélange de contaminations : les radionucléides d'un côté et les produits chimiques de l’autre. Nous allons développer un nouveau modèle pour évaluer le risque cumulé pour les populations animales. Le modèle étudie entre autres l’effet de la radioactivité et de la toxicité chimique sur le système de reproduction et le système de réparation d’ADN des petits mammifères », raconte Jordi Vives i Battle.

En outre, le SCK CEN fera l’inventaire de deux sites NORM sur le territoire belge, qui seront ensuite repris dans un aperçu des sites NORM existants à l’échelle européenne. « C’est l’occasion d’identifier les défis scientifiques et politiques liés aux scénarios les plus pertinents d’exposition aux NORM », conclut le Dr Nathalie Vanhoudt.

Qu’est-ce que le radon ?

L’un des produits de désintégration de l’uranium 238 est le gaz noble radioactif : le radon. En Belgique, on en retrouve dans le sous-sol en quantité variable selon les caractéristiques géologiques. À l’air libre, le radon se dissipe rapidement. Dans un espace confiné, comme une habitation ou un lieu de travail, la concentration en radon peut augmenter considérablement. Une fois inhalé, le radon pénètre dans les poumons et irradie le tissu pulmonaire. Cela peut endommager le tissu pulmonaire et mener à terme à un cancer.

Qu’est-ce que les NORM ?

Les matières premières extraites du sol contiennent souvent de faibles concentrations de radionucléides naturels comme l’uranium et le thorium. Les matériaux à forte concentration de radionucléaires naturels sont fréquemment étiquetées de l’acronyme NORM (en anglais Naturally Occurring Radioactive Materials) ou TeNORM (Technologically Enhanced Naturally Occurring Radioactive Materials).

Quand ces matières premières sont utilisées dans l’industrie, des sous-produits et résidus à haute concentration peuvent en découler. On peut citer par exemple les « scories », des résidus de verre ou de métal issus de la fonte de métaux, certaines cendres provenant de la combustion du charbon, le phosphogypse créé par la production d’engrais chimique et de boue rouge, un sous-produit de la production d’aluminium. L’activité humaine (ex. l’exploitation minière de matériaux NORM) peut augmenter l’exposition à la radioactivité naturelle. Certains résidus NORM sont réutilisés comme matériaux de construction. L’AFCN a fixé des critères d’acceptation ainsi que des modalités de contrôle et de suivi pour les flux de résidus NORM. Ces critères permettent le contrôle et la limitation de l’impact radiologique de la gestion des résidus NORM.

Plus d’informations

Sur le projet : site européen
Sur l’exposition au radon dans votre maison : site de l'AFCN 
Sur la commande de tests radon : actionradon.be
Sur les matériaux NORM : site de l'AFCN
Sur l’implication de l’UHasselt et de l’UAntwerpen : communiqué de presse (UHasselt)

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