Skip to main content

« Un voyage autour du monde dans une course contre la montre »

Le BR2, un centre de production vital pour 11 millions de patients

Le réacteur belge 2 (BR2) est l'élément vital de la médecine nucléaire. Sans ce réacteur de recherche, une procédure médicale sur trois impliquant des radio-isotopes dans le monde serait bloquée. « Nous assumons une grande responsabilité et mettons tout en œuvre pour garantir une livraison fiable à tout moment », dit Steven Van Dyck.

SCK CEN - Highlights 2022 (2023)

Les radio-isotopes médicaux se nichent - après injection - dans les cellules des tumeurs et des métastases et s'illuminent lors d'un examen PET ou SPECT. Cela permet de localiser précisément le cancer et de le traiter avec la même précision. Les cardiologues et les neurologues, quant à eux, utilisent des radio-isotopes pour cartographier le flux sanguin des parties du corps afin d'évaluer certains risques de maladies cardiaques ou cérébrales.

Cependant, les radio-isotopes perdent rapidement leur radioactivité. En effet, leur durée de vie est très courte : de quelques heures à quelques jours. Un médecin ne peut donc pas « stocker des isotopes » et, en cas de besoin, les retirer de l'étagère. « Cela signifie que chaque minute entre la production et l'utilisation dans un hôpital compte », déclare Steven van Dyck, directeur du réacteur de recherche BR2.

SCK CEN - Highlights 2022 (2023)

De la mine d'uranium à l'hôpital

Van Dyck illustre cela en décrivant la trajectoire du molybdène 99. « Le molybdène 99 se désintègre en technétium 99m, qui est le radio-isotope médical le plus utilisé au monde pour le diagnostic. Pour obtenir ce radio-isotope, de l'uranium est irradié. Cet uranium est conditionné dans des plaques d'environ 16 centimètres. Ces « cibles » viennent des États-Unis et voyagent ensuite plus loin pour l’irradiation. »

Où se rendent-ils ? Dans le monde, seuls six réacteurs peuvent s’occuper de cette irradiation : le réacteur de recherche belge BR2, le réacteur HFR aux Pays-Bas, le réacteur MARIA en Pologne, le LVR-15 en République tchèque, le réacteur SAFARI-1 en Afrique du Sud et le réacteur OPAL en Australie. « Après l'irradiation, la course contre la montre commence, car toutes les 66 heures, la quantité de molybdène 99 diminue de moitié », explique Steven Van Dyck. Les cibles irradiées partent pour le maillon suivant de la chaîne d'approvisionnement, qui en extrait - par un processus chimique - les radio-isotopes souhaités. En ce qui concerne spécifiquement le molybdène 99, les producteurs peuvent s'adresser à quatre entreprises : l’IRE en Belgique, CURIUM aux Pays-Bas, NTP en Afrique du Sud et ANSTO en Australie.

Ensuite, une entreprise pharmaceutique place les radio-isotopes extraits dans un générateur afin qu'ils puissent être finalement transportés vers les hôpitaux et y être facilement utilisés. De ces quatre entreprises, les générateurs sont distribués dans le monde entier. « Le temps presse, car même dans ce générateur, les radio-isotopes perdent 1 % d'efficacité par heure, soit 25 % par jour... », souligne Steven Van Dyck. En d'autres termes, la production de radio-isotopes est un voyage autour du monde dans une course contre la montre.

« Grâce à notre production, nous avons aidé quelque 11 millions de patients dans les hôpitaux du monde entier en 2022. Nous avons donc une grande responsabilité. »
Steven Van Dyck, directeur de BR2

Coopération internationale

Pour garantir le diagnostic et le traitement des patients, l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement est entièrement aligné. Lorsqu'un réacteur fait l'objet d'une maintenance programmée, un autre fonctionne. « Le réacteur de recherche BR2 est essentiel pour la production de radio-isotopes médicaux. Nous effectuons environ sept cycles d’irradiation par an, produisant à chaque fois des lots de 15 radio-isotopes différents. Grâce à notre production, nous avons aidé quelque 11 millions de patients dans les hôpitaux du monde entier en 2022. Nous avons donc une grande responsabilité », a déclaré Steven Van Dyck. Depuis sa mise en service en 1963, le réacteur de recherche BR2 a tenu ses promesses de production. Il n'a pas manqué un seul cycle annoncé jusqu'à l'année dernière.

À l'automne 2022, le BR2 a dû, pour la première fois, annuler inopinément un cycle d'exploitation en raison d'un problème mécanique. La panne a vite été réparée mais le réacteur de recherche n'a été redémarré qu'après une analyse de sûreté appronfondie. Lors de la panne, d'autres producteurs se sont immédiatement engouffrés dans la brèche. Le réacteur sud-africain SAFARI-1 et le réacteur tchèque LVR-15 ont sauté le pas : ils ont prolongé et avancé leurs cycles de production. « Notre réacteur de recherche BR2 a la plus grande capacité de production et est donc difficile à remplacer, mais les deux réacteurs ont été en mesure d'absorber partiellement l'arrêt de production inattendu », a précisé Steven Van Dyck.

SCK CEN - Highlights 2022 (2023)

Livraison fiable

Le fonctionnement du réacteur de recherche BR2 est désormais aussi fiable qu'auparavant. C'est ce qu'affirme Steven Van Dyck. « L'année dernière, nous avons aussi analysé immédiatement si des problèmes similaires pouvaient survenir dans d'autres composants et/ou menacer d'autres fonctions de sûreté de l'installation. Cela demande du temps et une coopération harmonieuse avec les autorités chargées de la sûreté. » Grâce aux inspections et aux contrôles nécessaires que le SCK CEN applique encore aujourd'hui, la fiabilité est maintenue au plus haut niveau.

Le calme avant la tempête

Et c'est une bonne nouvelle, car le virage des radio-isotopes thérapeutiques est amorcé. Ils sont couplés à une molécule qui se fixe aux cellules cancéreuses et les combat localement. « En amenant une source radioactive jusqu'à la tumeur, il est possible d'administrer localement des doses beaucoup plus élevées sans causer de dommages collatéraux aux tissus sains. C'est une grande différence par rapport à l'irradiation externe », déclare Steven Van Dyck.

Actuellement, seuls deux médicaments basés sur le radio-isotope thérapeutique lutécium 177 sont reconnus pour traiter les patients. « Mais à en juger par les essais cliniques en cours, nous nous attendons à ce que le nombre de thérapies similaires soit multiplié par dix », conclut-il.

« Après les inspections nécessaires et avec les contrôles que nous appliquons encore aujourd'hui, notre fonctionnement est aussi fiable qu'auparavant. »
Steven Van Dyck, directeur de BR2

Bekijk ook

Partagez cette page