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HADES souffle ses 40 bougies souterraines

27 avril '22

Depuis quarante ans déjà, HADES est le berceau de la recherche sur le stockage géologique dans de l'argile peu indurée en Belgique. Les expériences menées dans ce laboratoire souterrain ont prouvé qu'une telle installation pouvait être excavée de manière industrielle et démontrent que la sûreté à long terme peut être garantie. Les connaissances acquises en la matière permettent à la Belgique de franchir les étapes suivantes vers une installation de stockage réelle. Pierre-Yves Dermagne, vice-premier ministre et ministre de l'Économie et du Travail, et Tinne Van der Straeten, ministre de l'Énergie, félicitent le GIE EURIDICE, l'ONDRAF et le SCK CEN pour cet anniversaire.

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Les premières centrales nucléaires commerciales ont fait leur apparition dans le paysage énergétique belge dans les années 1970. Rapidement, la question de la gestion à long terme des déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie a été soulevée et le stockage géologique est apparu sur le plan international comme une solution de gestion possible. Le centre de recherche nucléaire SCK CEN a immédiatement pris l'initiative d'étudier cette possibilité. « Tout au début, nous avons effectué des tests en laboratoire, mais nous avons rapidement ressenti le besoin de disposer d'un laboratoire souterrain pour tester le stockage géologique en conditions réelles. L'objectif était d'étudier et de démontrer la sûreté et la faisabilité dans des conditions représentatives », déclare Eric van Walle, directeur général du SCK CEN. Dans les années 1980, le centre de recherche a commencé à creuser un laboratoire souterrain appelé HADES. Au cours de la même période, l'ONDRAF a été chargé d'organiser la gestion sûre des déchets radioactifs en Belgique. En 1995, les deux parties se sont unies pour former le GIE EURIDICE, un groupement d'intérêt économique. Ce groupement a pris HADES sous son aile.

Il n'existait nulle part ailleurs dans le monde un laboratoire construit dans ce but précis dans de l’argile. Il n'est donc pas surprenant que des travaux exploratoires pionniers y aient été menés. « Nous avons testé des techniques d'excavation, expérimenté des matériaux pour la paroi de la galerie et mené des expériences pour cartographier le comportement et les propriétés de l'argile », raconte Eric van Walle. Aujourd'hui, ce laboratoire souterrain souffle ses quarante bougies. Au cours de ces quarante années, HADES est devenu le berceau de la recherche sur le stockage géologique. Ses travaux pionniers ont fait place à des projets de démonstration industrielle et à des essais à grande échelle. PRACLAY, une expérience de chauffe sur une période de dix ans, en est un exemple. « Tout cela a conduit à une connaissance approfondie de la couche d'argile et à une bonne compréhension de tous les processus pertinents pour la sûreté d'un stockage géologique », poursuit Eric van Walle.

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Sûreté passive

En ce qui concerne la sûreté, le directeur général parle d'une échelle de temps de plusieurs centaines de milliers d'années. « Les déchets radioactifs doivent être isolés de l'homme et de l'environnement sur une durée plus longue que celle de tout ce qu'a pu construire l'homme à ce jour. Sur une telle durée, contrairement aux bâtiments d'entreposage en surface, les couches profondes et stables du sol offrent cette garantie », explique Eric van Walle. En emballant correctement les déchets et en les enfouissant dans un sol approprié et stable, les matières radioactives resteront longtemps isolées de l'homme, de l'environnement et des futurs changements que sera appelée à connaître la surface de la Terre – songeons dans ce cadre notamment au changement climatique ou encore aux évolutions de nos sociétés. Le stockage géologique est un système qui protège les générations futures sans qu'elles n'aient rien à faire. C'est ce que nous appelons la sûreté passive.

Ces 40 années de recherche dans le laboratoire souterrain HADES ont conduit à une connaissance approfondie de la couche d'argile et à une bonne compréhension de tous les processus pertinents pour la sûreté d'un stockage géologique. En termes de sûreté, nous parlons d'une échelle de temps de plusieurs centaines de milliers d'années. Sur une telle durée, contrairement aux bâtiments d'entreposage en surface, les couches profondes et stables du sol offrent cette garantie.
Eric van Walle, directeur général du SCK CEN

« Sur la base de ses 40 années de recherche, l'ONDRAF propose le stockage géologique comme politique nationale pour la gestion à long terme des déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie, ainsi qu’un débat sociétal à ce sujet. Cela nous permettra de prendre des décisions bénéficiant d’une assise sociétale sur la manière dont le stockage géologique peut être réalisé », explique Marc Demarche, directeur général de l’ONDRAF. Cette proposition a été approuvée en première lecture lors du Conseil des ministres du 1er avril 2022. Concrètement, l’ONDRAF va maintenant demander à la Fondation Roi Baudouin de préparer un débat sociétal rassemblant citoyens et experts, tels que l’autorité nucléaire (AFCN), les producteurs, les gouvernements régionaux, les autorités fédérales et les universitaires. Ce débat comprendra plusieurs phases telles qu’une enquête en ligne et diverses formes de participation, comme un forum public et des ateliers thématiques, pour parvenir in fine à des conclusions communes soutenues par tout le monde. « Nous nous appuierons ensuite sur ces conclusions pour préparer la deuxième phase de la politique nationale, à savoir le cadre du processus décisionnel qui doit mener à la mise en œuvre d’une solution, et pour la présenter au gouvernement. Ce qui est certain, c'est que nous ne pouvons pas reporter notre responsabilité sur les générations suivantes », conclut Marc Demarche.

L’expérience du projet de stockage en surface a démontré que, dans le cas de dossiers complexes comme la gestion à long terme des déchets radioactifs, nous ne pourrons parvenir à une solution que par la participation. Nous souhaitons poursuivre cette approche, désormais inscrite dans l’ADN de l’ONDRAF, pour offrir une solution à la société quant à la gestion à long terme des déchets de moyenne et de haute activité et de longue durée de vie.
Marc Demarche, directeur général de l’ONDRAF
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Félicitations ministérielles

Aujourd'hui, le GIE EURIDICE et les partenaires du groupement économique, l'ONDRAF et le SCK CEN, célèbrent son 40anniversaire. Les deux ministres de tutelle, Pierre-Yves Dermagne et Tinne Van der Straeten, les ont félicités pour cet anniversaire.

 « Le stockage géologique des déchets radioactifs est non seulement une question scientifique et technique, mais également une question sociétale. Il est crucial d’informer et d’impliquer le citoyen dans le processus décisionnel sur la façon dont la Belgique peut parvenir à un stockage souterrain. En outre, il sera possible d’établir pas à pas une estimation réaliste du coût du projet d’enfouissement du siècle et de garantir le financement nécessaire », reconnaît Pierre-Yves Dermagne, vice-premier ministre et ministre de l'Économie et du Travail.

Tinne Van der Straeten, ministre de l'Énergie, se réjouit également de cette avancée scientifique. « Le démantèlement des installations, la gestion et la mise en stockage des combustibles irradiés seront le projet le plus long, le plus coûteux et le plus délicat que notre pays ait jamais connu. La décision de mettre les déchets en stockage est une décision qui appartient à tous les Belges, pas seulement à moi en tant que ministre ou à ce gouvernement. Il est donc logique que les Belges soient entendus et aient leur mot à dire. Les décisions que nous prenons concernant ces déchets affectent des centaines de générations futures. L'expertise de longue date de HADES est essentielle dans le cadre du processus décisionnel. »

Pourquoi le stockage géologique ?

Toute activité humaine génère des déchets. Cela s'applique aussi à l'utilisation des matières radioactives en médecine, dans l'agriculture, dans l'industrie, dans la recherche scientifique et dans la production d'électricité dans les centrales nucléaires. Quelle est la différence avec les déchets ordinaires ? Les déchets radioactifs contiennent des matières qui émettent des rayonnements ionisants. Ce rayonnement pénètre la matière, peut apporter des modifications et endommager les tissus vivants. Il peut donc être dangereux pour les personnes et l'environnement. La radioactivité s’estompe cependant avec le temps. Il peut s’agir de quelques secondes, minutes, années, ou siècles, voire de centaines de milliers d’années. Le stockage géologique est considéré au niveau international comme la seule solution de gestion permettant d’isoler les déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie de l'homme et de l'environnement.

Pendant combien de temps les déchets doivent-ils être isolés de l'homme et de l'environnement ? En fonction de l'intensité du rayonnement et de la durée de vie, les déchets radioactifs sont divisés en trois catégories : les déchets de faible, moyenne et haute activité. Le processus est plus rapide pour les déchets de faible et moyenne activité et de courte durée de vie que pour les déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie. Les déchets de faible ou moyenne activité et de courte durée de vie prennent plusieurs centaines d'années avant que leur niveau d'activité ne soit réduit d'un facteur 1000. Dans le cas de déchets de haute activité et/ou de longue durée de vie, cette période peut atteindre plusieurs centaines de milliers d'années.

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