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Comment l’innovation spatiale a mené à des traitements modernes contre le cancer

20 octobre '23

Une réunion d’experts du SCK CEN assure la production future d’actinium 225

Le SCK CEN accueille des visiteurs de tous les secteurs : ambassadeurs, politiciens ou encore scientifiques. Aujourd’hui, PanTera, sa joint-venture avec IBA, a l’honneur de recevoir des invités spéciaux : d’anciens collègues. Ces derniers étaient les pionniers derrière la production d’actinium en vue d’alimenter des engins spatiaux. Ce qu’ils ne savaient pas à l'époque, c’est que leur travail allait ouvrir la voie à des traitements innovants contre le cancer. À l’occasion de la Journée contre le cancer, nous avons réuni les deux équipes, passée et présente, pour un partage de connaissances et d’expériences.

SCK CEN - PanTera (2023)

Cette initiative a généré un enthousiasme certain auprès de l’équipe qui travaillera pour PanTera. « Discuter avec d'anciens collègues a été comme un voyage partant de l'innovation spatiale pour arriver aux traitements modernes du cancer. Leurs expériences sont des leçons importantes que nous pouvons appliquer dans notre mission actuelle de lutte contre le cancer. Le transfert de connaissances est essentiel. Ce que nous avons appris aujourd'hui nous permet de jeter un pont vers l'avenir - où nous nous appuyons sur l'héritage impressionnant d’un travail de pionnier avec de nouveaux traitements et des perspectives d'espoir pour les patients atteints de cancer », a déclaré Dominic Maertens, chercheur chez SCK CEN.

SCK CEN - PanTera (2023)

Espace et énergie

Ce travail de pionnier date de la fin des années 1960 et du début des années 1970. À cette époque, le ciel n’avait plus de limite. Les États-Unis et l’URSS luttaient pour envoyer le premier homme dans l’espace, puis sur la lune. La moitié du monde avait littéralement des étoiles dans les yeux. De nombreux pays ont donc mis en place un vaste programme spatial pour répondre à des questions en suspens. L'une de ces questions abordait l'approvisionnement en énergie. L'actinium 227 est alors apparu sur le devant de la scène international. Avec sa demi-vie de 21,79 ans et une puissance spécifique élevée de 14,6 W.g-1, il constitue une source radioactive idéale pour les « générateurs thermoélectriques à radio-isotopes » (RTG). Ces générateurs utilisent la chaleur de désintégration d'un radionucléide pour produire de l'énergie pour les engins spatiaux.[1]
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[1] De nos jours, tant Perseverance que Curiosity utilisent ces RTG pour se déplacer sur Mars. Ces RTG fonctionnent avec du plutonium 238 comme source de chaleur. Le SCK CEN travaille sur la possibilité de fournir à l'Europe ce radio-isotope pour des missions spatiales futures. [Lisez-en plus sur le projet PULSAR]

Des instructions de lavage pour la médecine nucléaire

À l’époque, l’Union Minière et la société allemande Brown, Boverie & Cie ont joint leurs forces pour développer un générateur de ce type. Elles avaient fait appel au SCK CEN pour la production d’actinium 227. Pour obtenir de l’actinium 227, il faut irradier du radium 226 dans un réacteur de recherche puis le purifier. Ou pour l’expliquer plus légèrement : le « laver ».

PanTera – la joint-venture belge fondée par le SCK CEN et IBA – mettra en œuvre des « instructions de lavage » similaires, mais pour une raison tout autre. « Nous ne voulons pas isoler l'actinium 227, mais bien l'actinium 225. Pour ce faire, nous n'irradierons pas du radium 226 dans un réacteur, mais dans un accélérateur. En effet, l'actinium 225 possède un fort potentiel pour traiter plus efficacement les cancers », explique Sven Van den Berghe, CEO de PanTera. Les résultats obtenus sur plus de 1 500 personnes montrent que le radio-isotope élimine complètement les cellules cancéreuses chez de nombreux patients au lieu de se contenter d'inhiber la croissance de la tumeur. Le risque de rechute semble également diminuer. Aujourd'hui, de nombreuses études sont en cours sur le potentiel de l'actinium 225 dans la lutte contre plusieurs types de cancer : les cancers à forte prévalence tels que ceux de la prostate, du poumon, du côlon et du sein, ainsi que les tumeurs neuroendocrines du pancréas et d'autres organes. Il est également efficace pour traiter des cancers plus rares tels que le glioblastome, la forme la plus mortelle de cancer du cerveau qui touche souvent les enfants.

Des infrastructures déjà présentes

Ce n’est pas tout. Pour y parvenir, l’équipe de PanTera modernisera et utilisera les mêmes infrastructures qui avaient été construites autrefois sur mesure pour la production d’actinium. « Nous avons travaillé aux frontières de l’innovation spatiale, sans savoir que nos efforts laisseraient une marque indélébile sur les traitements modernes contre le cancer. C'est un honneur de voir notre travail de pionnier survivre et se transformer en source de guérison et d'espoir pour l'avenir. J'espère que nos histoires auront non seulement inspiré la génération actuelle, mais aussi transmis une certaine sagesse pratique », raconte José Van de Velde, un collègue retraité du SCK CEN.

Reconnaissance ICERR

Ces infrastructures se trouvent au Laboratoire de haute et moyenne activité (LHMA) du SCK CEN. Ce laboratoire vous dit quelque chose ? C’est normal ! Cette installation a contribué à la reconnaissance dans le cadre du certificat ICERR. En septembre 2023, l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a une nouvelle fois décerné son prestigieux label au SCK CEN.

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